vendredi 20 mars 2009

"Portrait du Gulf Stream", d'Erik Orsenna.

Entre Erik Orsenna et moi, ça a débuté il y a une vingtaine d'années, à l'époque de "L'exposition coloniale", roman qui a reçu le prix Goncourt en 1988. Comme quoi, il peut être décerné à de bons romans de temps en temps. A l'époque, j'étais au lycée à Laon en 1ère. Ma prof de français de l'époque, Madame Cani nous demandait de lire des livres parmi une grande liste de titres qu'elle nous fournissait, puis de faire une fiche de lecture sur ces livres. En nous précisant que l'on pouvait également lui proposer des romans qui n'étaient pas sur sa liste en la prévenant à l'avance afin qu'elle puisse lire ces livre et être en mesure de nous noter. Je fais remarquer en passant le grand professionnalisme et de cette prof... Etant en train de finir "L'exposition coloniale", j'annonce à ma prof que je ferai une fiche de lecture sur ce roman, ce qui me permettait de ne pas mire en plus un livre de la liste. Et comme promis, elle le lut. Je ne me souviens pas de la note qu'elle m'a mise mais je me rappelle de son commentaire sur ma copie qui disait en substance : "Vincent, je ne vous remercie absolument pas de m'avoir fait lire ce pénible pavé de plus de 800 pages". Madame Cani, que j'ai vu par hasard dans un journal télévisé sur France 3 est docteur en littérature, chargée de cours à l'université de Clermont -Ferrand, spécialiste de la littérature de jeunesse et l'auteur, entre autre, d'un essai sur Harry Potter, ne partageait donc pas mon amour naissant pour Erik Orsenna.


Mais notre histoire d'amour a tendance à subir des baisses de forme les années passant. Il faut dire qu'Erik n'y met pas du sien : il est de moins en moins romancier. Et moi, c'est les romans qui m'intéressent.

Erik Orsenna est né à Paris en 1947. Chercheur, enseignant, membre de divers groupes de travail, proche des pouvoirs politiques, il a écrit une dizaine de romans et plusieurs autres ouvrages. Dont "Portrait du Gulf Stream, éloge des courants", qu'il qualifie lui-même comme étant une "promenade".

Je me rappelle du moment de la sortie du livre, alors qu'Erik Orsenna en assurait la promo dans diverses émissions. J'avais trouvé le sujet original et entendre Orsenna en parler sur les plateaux m'avais donné envie de lire ce portrait du Gulf Stream. C'est fait aujourd'hui et très franchement je ne sais pas trop quoi en penser... Houlà ! Pas bon signe me direz-vous ! Pas bon signe. Je signale au passage que je me lançai dans la lecture avec un apriori positif.

Au fil des pages, mon entrain s'estompait et l'ennui me gagna même un peu, je dois l'admettre. Car le souci principal de ce livre est, à mon sens, de ne pas vouloir faire un choix sur sa forme. Ce n'est absolument pas un roman ( même si le style d'écriture d'Erik Orsenna et le sujet du livre sont définitivement très romanesques ), ce n'est pas un livre scientifique, ce n'est pas un livre d'apprentissage et ce n'est pas non plus un récit de voyage. Pourtant on retrouve un peu de tout ça dedans ! Il faut reconnaitre que "Promenade" définit parfaitement ce livre.

Le problème, en ce qui me concerne est que je ne m'y suis pas retrouvé. Pas assez roman à mon goût, pas assez livre scientifique, et un peu brouillon. Certes le livre est très documenté mais il aurait gagné si Erik Orsenna avait pu tranché sur la forme. Le récit se veut poétique par moment mais doit composer avec des parties un peu plus savantes. Par analogie, il se veut éducatif à d'autres moments mais tient à garder son ton léger et n'entre donc pas dans des considérations scientifiques bien poussées.

Non pas que le résultat soit raté. Mais on a plus une accumulation d'anecdotes glanées ici et là plutôt qu'un récit construit et ambitieux. C'est peut-être cela le concept de "promenade", après tout.

Le sujet en lui même, les courants en général - le Gulf Stream en particulier -, est plutôt sympathique et original. Un joli clin d'oeil de la part de celui qui a pris la place à l'académie française du plus célèbre des océanographes, le commandant Cousteau.

Il est difficile pour moi d'émettre un jugement sur ce livre, même si, je m'en rends bien compte, je ne suis pas dithyrambique depuis le début de ce papier. Je suis aussi certainement très exigeant avec Erik Orsenna et peu enclin a apprécier cette forme de livre.

Son site est très beau.

Aucun commentaire: