lundi 4 mai 2009

"Talk talk" de T.C Boyle.

Quand j'achète plusieurs romans en même temps, je garde toujours ceux que j'ai le plus envie de lire pour la fin. Les livres de T.C Boyle ( Tom Coraghessan Boyle ) font toujours parti de ceux-là. C'est sans conteste un de mes auteurs favoris. Je veux dire par là que j'ai lu tous ses romans et que je rentre en état de transe à chaque fois que j'en ouvre un nouveau.

T.C Boyle est un écrivain américain né en 1948 à Peekskill, état de New-York. "Water Music", son premier roman, a été publié en 1981. "Talk talk" est son onzième roman. Le douzième, " The Women" a paru aux Etats-Unis il y a quelques semaines. Il a publié également de nombreux recueils de nouvelles.

T.C Boyle s'inspire souvent des problèmes de la société américaine pour ses romans. "Talk talk" traite notamment de l'usurpation d'identité. Sujet qui à priori permettait de multiples traitements. Mais alors qu'habituellement la plume de T.C Boyle se révèle si juste, si acerbe, si vivante, on a l'impression que dans "Talk talk", tout tombe à plat.


Platitude du traitement du sujet : Dana Halter, sourde, est victime d'une usurpation d'identité. Lors d'un contrôle de police, il se révèle qu'on lui reproche tout un tas d'infractions dont elle n'est pas réellement coupable. Elle est arrêtée, puis relâchée et décide de partir avec son petit ami Bridger Martin à la poursuite de celui qui se fait passer pour elle : William Peck Wilson. Une traversée de l'Amérique façon road-movie commence. Une histoire bien classique et bien plate !

Platitude des personnages : encore un point sur lequel T.C Boyle excelle habituellement. Pourtant, dans cet ouvrage, les héros sont complètement inconsistants, à la limite du neuneu. Le seul personnage un peu attachant est... le méchant, William Peck Wilson. La surdité de Dana pouvait éventuellement amener un peu d'originalité mais il n'en est rien. Le sujet est abordé le plus souvent par le regard de Dana elle-même qui s'enferme dans une sorte d'égoïsme pour se protéger du regard soi-disant désobligeant et négatif que les valides ont envers une personne sourde.

Platitude du style : le rythme du roman est celui que l'on retrouve dans la plupart des romans de T.C Boyle. Seul problème, ce n'est pas adapté du tout au style road-movie. Il aurait fallu un style plus nerveux, plus rapide, plus mordant. Or, T.C Boyle est un fabuleux raconteur et c'est souvent les petites histoires qui sont plus importantes que la trame principale. On se retrouve malheureusement avec un roman débonnaire, abordant nombre de sujets sans en développer un particulièrement. Le récit se fait en alternance entre l'histoire du faussaire et celle des poursuivant sans qu'il n'y ait une vraie continuité entre les deux.

Je suis très dur avec le livre. Parce que très déçu. Pour être honnête, je dois dire que rien qu'en lisant la quatrième de couverture, je savais que je n'accrocherai pas. Trop banal. Jugez par vous-même :

"Chacun d'entre nous est sommé, tous les jours et à tout propos, de décliner son identité. Qui êtes-vous ? Et comment le prouver, quand personne ne vous croit, quand personne ne comprend ce que vous dites et quand tout le monde vous prend pour un redoutable escroc recherché aux quatre coins de l'Amérique ? Tel est le cauchemar dans lequel est plongée Dana, victime d'un crime aussi violent que sournois : le vol d'identité. Cartes bancaires, numéros informatiques, mots de passe, signatures électroniques - dans ce merveilleux monde technologique, nous risquons de n'être plus rien qu'une combinaison de chiffres et de signes, que les pirates de l'état civil n'ont aucune peine à détourner. C'est l'un de ces vampires de l'ego, un certain William Peck Wilson, que Dana devra poursuivre sans relâche pour regagner le droit d'être elle-même. De malentendus en faux-semblants, ce roman en forme de " road-movie ", mené pied au plancher par un T.C. Boyle au mieux de sa forme est aussi une parabole sur la fragilité de nos identités, sur le langage et sur les dangers que nous encourons tous à vouloir vivre la vie des autres…"

Plus la quatrième de couv' d'un page turner, que d'un roman ambitieux.


Pour ceux qui souhaiteraient néanmoins découvrir l'auteur T.C Boyle ( et je vous assure que cela en vaut la peine ! ), je conseillerais plutôt "Au bons soins du Docteur Kellogg", qui me semble être le plus révélateur du style Boyle : entre critique des travers de l'Amérique, cynisme, personnages marqués et attachants. A lire également "D'amour et d'eau fraiche", "le cercle des initiés", très ambitieux et "La bonne affaire", son roman tiré d'une expérience réelle, totallement désopilant. Mais surtout "Au bout du monde" : à mon avis, son chef-d'œuvre. Immense, ambitieux, intelligent, documenté, picaresque, le roman retrace 400 ans de l'histoire américaine à travers l'histoire d'une petite ville des Etats-Unis ( qui ressemble étrangement à sa ville de naissance ) et à plusieurs générations de ses habitants.

Pour ceux qui apprécient déjà T.C Boyle, je conseille évidemment John Irving et Kurt Vonnegut ( issus du même atelier d'écriture de l'université d'Iowa, tiens, tiens...), William Boyd, Barbara Kingsolver, Brady Udall.

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