mercredi 4 janvier 2012

"La vie en sourdine", de David Lodge.

Quelle couverture affreuse ! Je comprends que c'est certainement judicieux d'essayer de se faire remarquer dans les rayons d'une librairie, mais il y a peut-être des limites. J'ai quand même rarement vu un contenant aussi peu en rapport avec le contenu. D'autant que David Lodge n'a certainement pas besoin de ça pour être lu. Parce que Mr Lodge a une sacrée carrière derrière lui, avec une trentaine d'ouvrages dont une vingtaine de romans. C'est qu'il n'est plus tout jeune, l'artiste. Il est né en 1935 à Londres. Docteur en philosophie, il enseigne la littérature anglaise jusqu'en 1987, puis se consacre ensuite uniquement à l'écriture. Traduit très tardivement en français (1990), ses premières œuvres datent de 1960.

Comme très souvent dans les romans de David Lodge, l'action de "La vie ne sourdine" se déroule dans le milieu universitaire anglais. Le personnage principal, Desmond, professeur de linguistique, a décidé de prendre sa retraite avec un petit peu d'avance quand l'occasion se présente à lui, suite à la réorganisation du département dont il dépend. Il faut dire que Desmond souffre d'un handicap de plus en plus gênant : Il n'entend presque plus rien. Il n'est pas complètement sourd mais un appareil auditif est tout de même nécessaire. Et depuis quelques temps, il se retrouve de plus en plus souvent dans des situations désagréables en voulant essayer de cacher aux autres son handicap. Comme à cette réception où une magnifique jeune femme vient lui parler. Les appareils auditifs ayant beaucoup de mal à faire la différence entre une discussion et un brouhaha général, Desmond ne comprendra absolument rien de ce qu'elle lui dit.



En découle une série de quiproquos. Cette jeune fille lui a proposé en fait de diriger sa thèse, alors qu'elle a déjà un directeur de thèse qui va mettre Desmond en garde contre le coté mythomane et nymphomane de cette charmante étudiante. Parallèlement à ça, Desmond doit faire face à l'ennui de ne plus travailler, au sentiment d'inutilité, à son père, à moitié sourd également et qui refuse d'admettre qu'il lui faudrait aller en maison de retraite, à la tension avec son épouse, toujours en activité et dont les affaires sont florissantes...



Comme souvent, le roman de David Lodge est plein d'humour. Le monde universitaire y est dépeint avec ses petits travers. Mais ce roman, et c'est la trame principale, est surtout une réflexion sur le vieillissement. Le vieillissement physique, d'abord, avec le personnage principal qui prend conscience peu à peu que son corps supporte de moins en moins de choses, mais aussi le sentiment d'inutilité lors de la retraite. Ces sujets sont traités de façon très justes mais toujours avec humour.

Nous sommes en présence d'un très bon roman de David Lodge. Comme beaucoup d'écrivains, il a eu besoin d’écrire sur le vieillissement en vieillissant lui-même. C'est une réussite. Si vous ne connaissez pas David Lodge, ce roman est assez représentatif de son oeuvre. Je vous conseille également "Hors de l'abri", à mon goût son meilleur livre.

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