dimanche 26 février 2012

"L'élégance du Hérisson", de Muriel Barbery.

Ça faisait un moment que je voulais lire ce livre mais je m'en méfiais une petit peu. En général, quand un livre croule sous les critiques favorables, ça me crée deux sortes de sentiments : si j'ai un à priori plutôt positif sur le livre (c'est le cas ici), j'ai peur d'être déçu et si j'ai un à priori plutôt négatif, toutes les critiques positives vont me sembler suspectes et je vais avoir tendance à me braquer sur le livre sans prendre de recul. C'est d'ailleurs pour ça que je rédige ces commentaires toujours quelques jours après avoir refermé le livre et non tout de suite après.

A priori donc plutôt positif pour ce roman qui a remporté plusieurs prix littéraires et dont un film a été tiré. "L'élégance du hérisson" est le deuxième roman de Muriel Barbery, écrivain français née  à Casablanca en 1969. Elle vit au japon où elle peut avoir une vie en retrait de la pression médiatique. Absente des média, le succès de "l'élégance du hérisson", dû essentiellement au bouche à oreille des lecteurs, est un phénomène d'édition très rare. 1,3 millions d’exemplaires vendus avant la sortie en poche, une parution dans plus de 40 pays.


Dans ce roman, il y a trois romans principaux, Renée, Paloma et Monsieur Ozu. Renée a cinquante quatre ans et elle est concierge dans un immeuble luxueux au 7, rue Grenelle à Paris. Veuve, grosse, moche, petite, elle s'escrime à être ce que les habitant de l'immeuble attendent qu'elle soit : une concierge niaise qui passe ses journée à ronchonner et  à regarder TF1. Sauf que Renée cache aux autres son immense culture, ses goûts raffinés en matière d'art, sa passion pour la littérature russe et la philosophie. "Être pauvre, laide, et de surcroît intelligente, condamne, dans nos sociétés, à des parcours sombres et désabusés auxquels il vaut mieux s'habituer de bonne heure".

Paloma a douze ans. Elle est la deuxième fille de parents très riches. Elle est supérieurement intelligente et a déjà conscience de l'ineptie de la vie et elle sait qu'elle intégrera le "bocal à poisson" : comme ses parents, elle acceptera le rôle de la vie tout en faux-semblant. Elle a pris une décision pour ne pas en arriver là : elle se suicidera le jour de ses treize en mettant le feu à l'immeuble. En attendant, elle rédige un journal où elle met en avant soit des pensées fortes, soit des raisons de trouver des choses belles.



Paloma et Renée se croisent sans faire très attention l'une à l'autre. L'arrivée de Monsieur Ozu dans l'immeuble va tout chambouler. Ce riche japonnais, très à l'écoute de chacun, va rapidement comprendre que Renée n'est pas ce qu'elle laisse penser et voir en Paloma un esprit éveillé.

Autant le dire tout de suite : ce livre est une vraie bonne surprise, d'autant plus que j'en attendais beaucoup. C'est pour ce type de bonne surprise que j'aime la lecture. L'écriture est belle, légère, empreinte d'humour et d'une pointe de cynisme. Malgré des passages sur la culture, tout est en légèreté et en finesse. Les personnages, pas tout à fait des héros au sens classique, le deviennent au fils des pages. Le déroulement du roman est une alternance entre le journal de Paloma et le déroulement de l'histoire à travers la vision de Renée. Cette alternance montre les points communs entre deux personnes que tout oppose.

Ce roman se lit très rapidement. On en sort heureux, revigoré. Je conseille à tout le monde de se jeter dessus. Je lis sur internet énormément de commentaires positifs, mais également beaucoup d'avis défavorables. Et je vois ressortir deux critiques principales. Certains ont laissé tomber ce roman au bout de cinquante pages et d'autres trouvent que le livre est trop cultivé pour des lecteurs lambda. Je réponds deux choses. Tout d'abord, si on juge un livre sur les cinquante premières pages, il vaut mieux arrêter la littérature tout de suite pour gagner encore plus de temps. On ne juge pas un film sur dix minutes, un album de musique sur une chanson ou un tableau sur son cadre. Il faut un minimum respecter l'auteur qui a écrit un roman dans sa totalité et qui n'a pas seulement collé des pages écrites les unes aux autres (encore que des fois...). Et sur le deuxième point : la culture sert justement à s'élever, à apprendre, à comprendre. Chacun aura un niveau de compréhension ou de sensibilité différents, certes. Mais tout le monde peut aussi faire un petit effort. Après, on peut effectivement passer sa vie à regarder TF1, à écouter David Guetta et à s'extasier devant le nouvel iphone 8... C'est pas fatigant puisqu'il suffit de suivre ce que l'on nous dit d'aimer !

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