lundi 20 février 2012

"Suites impériales", de Bret Easton Ellis.

D'habitude, quand parait un bouquin de Bret Easton Ellis, je vais l'acheter dans les jours qui suivent, quand je ne l'ai pas réservé à l'avance sur le site de la Fnac. Mais pour "Suites impériales", j'ai tranquillement attendu la sortie en poche avant de l'acheter : un présentiment. Bret Easton Ellis est un écrivain américain né à Los Angeles en 1964. Il est devenu au fil des années un des plus grands écrivains américains contemporains malgré une œuvre peu dense : six romans en 26 ans. "Suites impériales" est le dernier en date. Son roman précédent, "Lunar Park", que j'ai trouvé excellent, laissait augurer de biens belles choses.

Mais là, j'ai senti le piège. "Suites impériales" est en quelque sorte la suite de son premier roman "Moins que zéro", paru en 1985. Pas vraiment la suite car il n'est pas nécessaire d'avoir lu me premier pour accéder au deuxième. Il s'agit en fait des mêmes personnages, mais 25 ans plus tard. "Moins que zéro" décrivait le quotidien d'une jeunesse dorée de Los Angeles, entre désœuvrement, vanité, vacuité, drogue et soirées dépravées. Bret Easton reprend les même 25 ans plus tard, la chirurgie esthétique en plus. Clay est devenu scénariste et revient à Los Angeles après quelques mois passés à New York. Il se traine de soirées en soirées, à moitié défoncé et lunette noires omniprésentes. Il doit participer au casting d'un film dont il est le scénariste. Lors d'une séance, il repère une fille dépourvue de tout talent artistique, Rain,  mais d'une beauté qui le subjugue. Il va alors obtenir ses faveurs en lui faisant miroiter la possibilité d'obtenir le rôle dans le film. Mais Clay se sent surveillé. Une voiture le suit, il reçoit des SMS étranges et il a l'impression de ne jamais retrouver son appartement dans le même état qu'il l'avait laissé dès qu'il s'absente. Mais Rain est aussi impliquée avec Trent, avec Julian et surtout Rip, d'autres personnages de "Moins que zéro". Parallèlement à cela , des corps gravement mutilés sont retrouvés...



"Suites impériales" est écrit dans le même style que "Moins que zéro" : par petites bribes, comme des rafales de mitraillettes. L'auteur s'appesantit sur la vacuité des personnages et sur leur paranoïa. Une écriture froide et minimaliste. Les personnages ne nous sont pas décrit, on les découvre petit à petit dans les dialogues. Le roman est plutôt court mais il se passent tellement peu de chose pendant les deux premiers tiers que cela semble long tout de même.

Quand je dis plus haut que j'ai senti le piège, je m'explique : "Moins que zéro" est le roman que j'aime le moins d'Ellis. De plus, comme au cinéma, je ne suis pas fan des suites, surtout quand elle ne sont prévues dès le départ. Mais, sans rien enlever aux qualités que je retrouve habituellement dans les romans de Bret Easton Ellis, je trouve celui-ci raté. Certains argueront son style reconnaissable entre tous. Certes ! Mais son style a sensiblement changé et progressé en 25 ans, et se retrouver avec la même écriture que dans les années 80, ça semble très désuet aujourd'hui. De plus son style était détonnant et novateur : il a perdu ces qualités, par définition, avec le temps. Le tout laisse une impression de facilité et de déjà-vu. J'espère tout simplement que ce livre n'est pas du à une sécheresse de son imagination, mais plutôt à un échec dans un exercice un peu périlleux.

Par contre je recommande chaudement "Lunar Park", "Glamourama" et le magnifique "American Psycho" (pour ceux qui ont le cœur bien accroché ;-) ).

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