samedi 17 mars 2012

"Dernière nuit à Twisted River", de John Irving.

Quand j'ouvre un roman de John Irving, c'est toujours un moment à part. C'est certainement l'écrivain qui, sur la durée, m'a le plus émerveillé. Révélé au grand public en 1978 par son roman "Le monde selon Garp" devenu un roman culte, chacune de ses production est ensuite un succès d'édition et un chef d’œuvre littéraire.

Chaque roman de John Irving est comme une pièce d'horlogerie finement ciselée. John Irving commence à chaque fois un roman en connaissant exactement la fin de celui-ci, en ayant fait un gros travail de recherche, en connaissant l'évolution de ses personnages. Et il n'hésite pas à réécrire sans cesse jusqu'à obtenir précisément, ce qu'il souhaitait au départ. Cette méthode, ce travail laborieux, cette exigence expliquent l'excellence de ses publications. Et peut-être aussi le peu de productivité : 12 romans en 45 ans d'écriture. Mais chaque ouvrage est un tel condensé de créativité...


Si j'ai aimé chaque roman de John Irving ( en particulier "Le monde selon Garp", "L'épopée du buveur d'eau", "L’œuvre de Dieu , la part du diable", "L'hotel New Hampshire", "Une prière pour Owen") je suis resté un peu sur ma fin avec la période fin de siècle dernier ("Une veuve de papier", "La quatrième main"). J'avais par contre beaucoup aimé son avant-dernier roman, "Je te retrouverai".

J'ai donc entamé "Dernière nuit à Twisted River", le dernier roman de John Irving avec gourmandise et aussi un peu la crainte d'être déçu. Le roman se situe au départ en 1954, sur les rives de la Twisted River, dans un camp de bucherons. Dominic Baciagalupo est le cuistot de la cantine du camp et il élève seul son fils Danny. Lors de cette dernière nuit à Twisted River, Danny va accidentellement tuer Jane l'indienne, la maîtresse de son père Dominic. Jane l'indienne est aussi la compagne du constable de la région, un alcoolique notoire. Pour protéger son fils, Dominic décide de prendre la fuite, avec l'aide de son ami Ketchum, un bucheron anar bourru, qui tout au long de sa vie, va essayer de protéger à distance le père et le fils.


Dominic et Danny vont alors s'installer dans divers endroit, travailler dans plusieurs restaurant, changeant de nom pour echapper au constable qui s'est fixer pour objectif de vie de les retrouver pour venger la mort de Jane. On va donc suivre durant un demi-siècle le père et le fils dans leurs pérégrinations à travers plusieurs états.

On retrouve dans ce romans de nombreux thèmes chers à John Irving : l'absence d'un parent, les ours, les relations père-fils, la lutte et les situations dramatiques qui font basculer une vie. La construction du roman est un peu complexes avec de nombreux retours en arrière, des alternances entre la vie de Dominic et celle de Danny. On retrouve quelques situations loufoques, mais on ne retrouve plus les romans plutôt assez désopilants de ses oeuvres de jeunesse. Par contre John Irving aborde de plus en plus les sujets de société de l'Amérique.

"Dernière nuit à Twisted River" est pour moi un bon roman, mais j'ai trouvé la construction un peu tortueuse et je ne retrouva pas tout à fait l'enchainement implacable et naturel des événements qui était une des marques de fabrique de l'auteur. Autre critique : John Irving nous avait habitué à des personnages hauts en couleur, très attachants. pour ma part, j'ai eu un peu de mal à m'attacher à Dominic et à son fils. Mais ce livre reste assez passionnant à lire et c'est le roman mature d'un écrivain au style maitrisé.

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