dimanche 6 mai 2012

"Le pont des soupirs", de Richard Russo.

Au fil des années et des romans est devenu un de mes écrivains préférés. Né en 1949 aux Etats-Unis, Richard Russo est titulaire d'un doctorat en philosophie et d'une maîtrise des Beaux-Arts et il a enseigné la littérature avant de se mettre à écrire. Il a obtenu le Pulitzer pour son roman "Le déclin de l'empire Whiting". "Le pont des soupirs" est son cinquième roman. C'est un gros roman de 730 pages comme je les affectionne.

L'histoire se déroule à Thomaston, petite ville imaginaire au nord de New York. Lou C.Lynch arrive à la soixantaine. Il a toujours vécu à Thomaston, n'a jamais voyagé. Il a hérité de ses parents un "empire" de  trois épiceries qu'il s'apprête à transmettre à son tour à son fils. Marié depuis quarante en à Sarah, il mène une vie plutôt tranquille et il est apprécié dans sa communauté. Il s'est mis depuis quelques moi à écrire un livre sur sa ville, Thomaston, mais petit à petit, ce livre ressemble de plus en plus à l'histoire de sa vie.


Mais sa tranquillité va être mise à mal car il a accepté pour la première fois de sa vie de quitter Thomaston et de partir en voyage avec Sarah. Il doivent aller à Venise et cela le remplit un peu d'angoisse. D'autant que ce voyage pourrait-être l’occasion de revoir Bobby Marconi, son ami d'enfance devenu un peintre très coté et qui a l'époque était amoureux de Sarah également.

La perspective de ce voyage et l'écriture de son livre replonge donc Lou C.Lynch dans ses souvenirs d'enfance. Fils de livreur de lait, il se remémore sa vie dans le quartier pauvre de la ville. Son amitié avec Bobby, l'achat par son père de l'épicerie "Chez Ikey",  leur installation dans un quartier moins populaire, la rencontre avec Sarah...


 Comme dans chacun de ses romans, et comme chez beaucoup d'auteurs américains contemporains, Richard Russo excelle dans l'art de rendre ses personnages principaux et secondaires attachants et complexes. On assiste à de nombreux allers-retours entre le présent et plusieurs époques du passé. La vie de cette petite commune y est décrite avec simplicité. Richard Russo écrit toujours sur des personnages ordinaires mais à l'art de les rendre uniques.

Par rapport à ses romans précédents, "Le pont des soupirs" ne possède pas les petites touches humoristiques habituelles et le climat général de l'histoire est plus mélancolique. Mais la psychologie des personnages est plus poussée et l'histoire plus complexe qu'elle ne parait au premier abord. C'est certainement son roman le plus complexe, et même s'il est d'accès plutôt facile, il faut tout de même du temps pour se mettre dans l'histoire.

Comme à chaque fois que j'apprécie beaucoup un auteur, je suis toujours un peu angoissé à l'ouverture d'un nouveau roman : j'ai toujours peur d'être déçu. Ce n'est pas le cas avec "Le pont des soupirs", malgré quelques longueurs. On sent que l'écriture de Richard Russo évolue et sa maîtrise du roman aussi. Il y a vraiment quelque chose de John Irving chez lui. Je vous recommande vivement la lecture de ce roman. Pour ceux qui voudrait découvrir Richard Russo avec un roman moins "dru", je vous recommande "Un homme presque parfait" ou "un rôle qui me convient".


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