jeudi 12 juin 2014

"Naissance d'un pont" de Maylis de Kerangal.

J'ai acheté ce livre il y a déjà quelques temps, mais il restait sur ma PAL sans que je me résolve à l'attaquer. Il faut de dire que le titre et le résumé du livre n'incitent pas à s'y jeter à corps perdu. C'est le premier livre que je lis de Maylis de Kerangal, auteure d'une dizaine de roman et née en 1967 au Havre. "Naissance d'un pont" a obtenue le Médicis 2010. Pas un argument pour moi puisque le dernier Médicis que j'ai vraiment aimé date de 1978 ! ( "La vie mode d'emploi", de Georges Perec, un incroyable bijou !)

L'histoire se déroule à Coca, une ville fictive de Californie. De partout dans le monde afflue la fine fleur de la construction. Un projet pharaonique va débuter : la construction d'un immense pont suspendu devant accueillir une autoroute à six voies. Ce chantier sera dirigé par Diderot, un vieux briscard, expatrié à longueur d'année, spécialiste des œuvres démesurées à travers le monde, habitué a la pression des délais.


Si ce projet est né, c'est sous l'impulsion de John Johnson, dit "Le Boa", le nouveau maire mégalomaniaque de Coca. De retour d'un voyage à Dubai, il a été subjugué par le mouvement incessant et la folie des projets en cours. Au mépris des réels besoins en infrastructures de sa ville, des préoccupations écologiques et des déplacements ethniques que va engendrer cette construction, il va rapidement faire aboutir ce projet d'ouvrage d'art.


On va suivre le parcours en particulier de plusieurs "acteurs" de ce grand chantier : Summer Diamentis, une française qui sera responsable de la gestion et de l'approvisionnement en béton, de Sanche Cameron, le Sébastien Loeb de la grue. Mais aussi de Katherine Thoreau, qui a absolument besoin de travail et qui va plaire à Diderot.

Première bonne surprise générée par ce livre : ce n'est pas aussi chiant que le titre le promettait. Il s'agit bien d'un roman, et non d'un compte rendu de la construction d'un pont. Deuxième bonne surprise : l'écriture de Maylis de Kerangal est pour le moins originale et nerveuse. Le récit est composé de phrases assez longue, à la ponctuation peu orthodoxe mais loin d'alourdir la prose, cela donne un style vif et empli d'urgence. Le vocabulaire est très riche et je dois avouer que j'ai même appris quelques mots !

J'ai juste quelques réserves : tout d'abord sur certains sujets qui sont traités pais de façon un peu brève comme le mécontentement des indigènes, où l'histoire entre Diderot et Katherine, dont le développement est plus concis que ce que laissait deviner le début du roman. Autre réserve, sur l'emploi massif et l'accumulation de synonymes au cours d'une même phrase.

Au final, ce livre m'a plu par son originalité : celle de son thème, et celle de son écriture. J'ai vraiment apprécié la prose de Maylis de Kerangal mais je pense qu'il ne faudrait pas trop en abuser non plus, et en terminant ce livre, la première chose que je me suis dite, c'est que je ne lirai pas dans la foulée un autre livre cette auteure : comme toutes les bonnes choses, il faut en user avec parcimonie.




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